Une découverte impressionnante sur la vitamine C
Wednesday 15 June 2022 |Deux chercheurs ont découvert que la vitamine C n’aide pas les patients atteints de sepsis.
Tenter d’établir si la vitamine C à forte dose dans le traitement des patients atteints de sepsis, une infection provoquée par la présence de bactéries dans le sang et diffusée dans tout l'organisme, peut réduire le risque de décès ou de dysfonction des organes. C’est l’objectif que se sont donné Dr François Lamontagne, intensiviste au CIUSSS de l’Estrie - CHUS et professeur-chercheur à l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche du CHUS, et Dr Neill Adhikari, intensiviste et chercheur associé au Sunnybrook Health Sciences Centre, dans le cadre d’une étude sur la vitamine C nommée LOVIT (Lessening Organ Dysfunction with VITamin C). Les résultats sont maintenant connus. Ils ont découvert que la vitamine C n’aide pas les patients atteints de sepsis.
« L’administration intraveineuse de vitamine C à forte dose ne s’est pas révélée bénéfique chez les adultes atteints de sepsis hospitalisés aux soins intensifs. Nous avons constaté que les participants du groupe de traitement avaient un risque plus élevé de décès ou de dysfonction des organes à 28 jours comparativement à ceux n’ayant pas reçu ce traitement », annoncent les cochercheurs principaux de l’étude, le Dr François Lamontagne et Dr Neill Adhikari.
La vitamine C à déconseiller pour traiter le sepsis
Les patients de l’étude ont été assignés aléatoirement au groupe de traitement ou au groupe placebo. Au jour 28, 191 des 429 patients (44,5 %) du groupe vitamine C étaient décédés ou présentaient une dysfonction persistante des organes, comparativement à 167 des 434 patients (38,5 %) du groupe placebo.
« Compte tenu de ces résultats, nous déconseillons l’utilisation de la vitamine C à forte dose pour traiter les patients atteints de sepsis à moins qu’ils ne participent à un essai clinique », précisent les chercheurs principaux.
Ces résultats remettent en question un traitement considéré jusque-là comme prometteur contre le sepsis. Les options actuelles pour la prise en charge du sepsis sont axées sur les antimicrobiens et les traitements de support, telles que les perfusions, les vasopresseurs, la ventilation mécanique et la thérapie de remplacement rénal.
La plus grande étude à ce jour
Les chercheurs indiquent que l’intérêt pour le traitement intraveineux par vitamine C s’est manifesté il y a environ trois ans lorsqu’un essai américain non randomisé a révélé qu’une combinaison de vitamine C, de stéroïdes et de thiamine (vitamine B1) avait entraîné une diminution spectaculaire du taux de mortalité chez les patients aux soins intensifs atteints de sepsis. Si d’autres études se sont ensuite penchées sur les effets de la vitamine C seule, l’étude LOVIT est la plus importante à ce jour. Elle compte 872 patients hospitalisés entre 2018 et 2021 dans 35 unités de soins intensifs au Canada, en France et en Nouvelle-Zélande.
En recherche, ce ne sont pas toutes les découvertes qui auront des retombées sur la population et qui se traduiront de façon concrète dans les établissements de santé. Lorsque cela se produit, et que la recherche passe du laboratoire au chevet du patient, c’est que le chercheur a atteint l’objectif qu’il s’était fixé.
« Les résultats de l’étude LOVIT font ressortir l’importance d’intégrer la recherche aux soins cliniques », affirment les chercheurs. « Les traitements administrés aux patients doivent faire l’objet d’études de haute qualité. »
Les résultats de l’étude LOVIT ont été publiés dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine et présentés aujourd’hui dans le cadre du congrès Critical Care Reviews à Belfast, en Irlande.