Rapport annuel
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Rapport annuel 2023-2024
Les chercheuses et chercheurs, la communauté étudiante et le personnel professionnel qui composent nos équipes de recherche du Centre de recherche du CHUS du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CRCHUS) nous offrent encore cette année des découvertes et des avancements porteurs d’espoir.
Découvertes de l'année
La synthèse des ribosomes pour ouvrir de nouvelles voies de guérison contre le cancer
Les découvertes de l’équipe de recherche du professeur-chercheur François Bachand sont importantes pour la recherche sur le cancer.
Celles-ci révèlent un nouveau mécanisme par lequel des protéines liant les acides ribonucléiques (ARN), comme la protéine Seb1, régulent la progression de l’ARN polymérase I, qui assure la synthèse des ARN ribosomiques (ARNr), essentiels à la production de ribosomes. Une augmentation de la synthèse et de la maturation des ARNr est connue pour contribuer à la prolifération et à la survie des cellules cancéreuses, ces dernières dépendant souvent d’une production accrue de ribosomes pour une croissance rapide.
Comprendre comment certaines protéines contrôlent la synthèse et la maturation des ribosomes pourrait ouvrir de nouvelles voies pour cibler la production accrue de ribosomes dans les cellules cancéreuses, ce qui pourrait potentiellement conduire au développement de thérapies exploitant ces vulnérabilités pour ralentir ou arrêter la progression tumorale.
Des outils supplémentaires pour protéger les personnes vivant avec le diabète
La maladie rénale diabétique reste un problème de santé majeur affectant la qualité de vie des patients et patientes atteints du diabète. Les traitements actuels ciblant spécifiquement le dysfonctionnement et la perte de podocytes, cellules responsables de la filtration rénale, font toujours défaut.
Cette étude menée par les professeurs-chercheurs Pedro Geraldes, Dre Anne-Marie Côté, François-Michel Boisvert et leurs collègues fournit la preuve que la prévention de l’expression et de l’activité de la protéine SHP-1 induite par le diabète rétablit l’expression et la stabilité de la podocine, une protéine cruciale pour le maintien de la structure et la fonction des podocytes. Ces données ont également révélé pour la première fois un mécanisme totalement nouveau par lequel SHP-1 peut perturber la stabilité des protéines en modulant l’état de SUMOylation menant à leur dégradation.
Par conséquent, l’inhibition de SHP-1 pourrait empêcher le dysfonctionnement des podocytes induit par le diabète et pourrait offrir des outils supplémentaires pour identifier les personnes les plus à risque de maladie rénale et protéger ceux qui ne bénéficieraient pas de soins rénaux standards.
De nouvelles avancées dans le domaine de la tractographie
Une équipe de professeurs-chercheurs du CRCHUS et de l’Université de Sherbrooke a poursuivi le développement des savoirs en ce qui concerne la tractographie, une technique d’imagerie prometteuse utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour reconstruire les trajets des fibres axonales dans le cerveau.
Maxime Descoteaux, Pierre-Marc Jodoin et leurs collaborateurs ont développé des réseaux de neurones profonds afin d’améliorer l’analyse de la connectivité du cerveau et ainsi de mieux comprendre les maladies neurodégénératives. Ils ont mis au point une méthode basée sur les autoencodeurs génératifs appelée GESTA (Generative Sampling in Bundle Tractography using Autoencoders) pour pallier les lacunes des méthodes d’analyse des fibres axonales.
Dans une seconde publication, l’équipe a développé le seul réseau de neurones capable à ce jour, de surpasser en précision les approches classiques de tractographie grâce à une approche basée sur l’apprentissage par renforcement.
L’importance de la diversité et la représentativité pour l’implantation de guides de pratique clinique
Félix Camirand-Lemyre, Dr François Lamontagne et leur équipe de recherche ont réalisé ce projet à partir d’une vaste étude de cohorte comprenant 434 851 personnes atteintes de la COVID-19 sévère ou critique provenant de 54 pays.
Les auteurs ont observé que 40,1 % de la cohorte ont reçu des corticostéroïdes comme recommandé par l’Organisation mondiale de la santé et qu’il existait de grandes variations géographiques dans leur utilisation. L’adoption rapide des recommandations cliniques au moment de leur publication était plus modeste dans les pays n’ayant pas participé aux essais cliniques ayant contribué à la formulation de ces recommandations.
Alors que la dissémination et l’implantation des guides de pratique clinique sont un défi à travers le monde, les auteurs soulignent que la diversité et la représentativité des participants dans les études cliniques pourraient être des facteurs facilitant l’adoption rapide des meilleures pratiques cliniques en santé.
Une nouvelle piste thérapeutique pour les dystrophies musculaires
La découverte faite par l’équipe de Florian Bentzinger, publiée dans Science Translational Medicine, propose l’Apeline-13 (AP-13), une hormone présente dans la circulation systémique et dans plusieurs tissus qui a des effets sur la formation des vaisseaux sanguins, comme potentiel traitement pour les dystrophies musculaires. Ces maladies causées par différents types de mutations génétiques affectent souvent les enfants et entraînent une perte de la fonction locomotrice en s’attaquant au tissu musculaire.
L’équipe a découvert que dans de nombreuses formes de dystrophie musculaire génétiquement indépendantes, les petits vaisseaux sanguins du muscle squelettique sont fortement réduits. En permettant une meilleure vascularisation du microenvironnement des cellules souches, le traitement par l’AP-13 favorise leur fonction régénératrice en leur fournissant davantage des facteurs de croissance et des nutriments. Ces effets de l’AP-13 ralentissent la progression de la maladie et renforcent les fibres musculaires sans affecter le coeur ou le système circulatoire chez les animaux traités.
Les dystrophies musculaires étant des maladies très rares, la découverte d’un traitement efficace contre ces différentes formes représente une avancée majeure et, avec un bassin de patients plus large, offre davantage d’incitations pour une éventuelle application.
De nouvelles preuves de l’existence de cellules quiescentes dans l’intestin grêle
Dans leur étude publiée dans la revue Cells, Jean-François Beaulieu et son équipe se sont intéressés aux cils primaires, des antennes sensorielles situées à la surface des cellules qui transmettent une variété de signaux impliqués dans le développement embryonnaire, l’homéostasie des tissus ou encore le cancer.
Dans la plupart des tissus, les cellules quiescentes portent un cil primaire. L’épithélium de l’intestin grêle est un tissu qui se renouvelle rapidement à partir de cellules situées dans les cryptes, lesquelles migrent progressivement vers les villosités. Ni les cellules villositaires différenciées ni les cellules progénitrices des cryptes ne portent de cil primaire. L’équipe a identifié une seconde population de cellules quiescentes dans les cryptes, portant un cil primaire.
Ces résultats suggèrent de nouveaux modes de régulation dans la dynamique des cellules souches et pourraient aider à mieux comprendre les mécanismes menant aux maladies intestinales inflammatoires ou cancéreuses.