De nouvelles pistes pour la prévention et le traitement du diabète

Des recherches innovantes afin de mieux prévenir et traiter le diabète, avec un focus particulier sur les approches personnalisées et les habitudes de vie.

Le diabète est une maladie complexe qui résulte d'une combinaison de facteurs métaboliques, comportementaux et génétiques. La compréhension de son développement et de ses complications est essentielle pour mettre en place des stratégies efficaces de prévention et de traitement. Des chercheurs du Centre de recherche du CHUS (CRCHUS), avec leurs équipes respectives, explorent de nouvelles approches scientifiques en utilisant des technologies de pointe comme l’imagerie moléculaire et les traceurs métaboliques. Ces outils permettent de mieux comprendre comment les organes réagissent à l’exposition aux graisses alimentaires et à d’autres facteurs de risque, tout en ouvrant la voie à des interventions plus précoces et adaptées.

Du côté du Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV), les recherches s’intéressent aussi bien aux mécanismes biologiques sous-jacents du diabète qu’aux habitudes de vie susceptibles de réduire les risques associés à la maladie. Des études sur l’exercice physique, l’alimentation et même l’exposition au froid montrent l’importance d’une approche holistique pour contrer le diabète. L’un des objectifs majeurs de ces projets est de déterminer des stratégies simples mais efficaces pour modifier les habitudes des individus à risque, avec un focus particulier sur l'alimentation et l'activité physique. 

Les résultats prometteurs de ces recherches soulignent l’importance de la prévention et montrent que, même dans les formes avancées de la maladie, des traitements novateurs peuvent permettre des améliorations significatives.

Mieux voir le diabète évoluer pour mieux le prévenir

L’équipe du Dr André Carpentier développe des approches utilisant l’imagerie par tomographie d’émission par positrons (TEP) et par traceurs métaboliques pour mieux connaître le métabolisme des gras alimentaires et des tissus adipeux dans le développement du diabète de type 2. Son équipe a développé des approches uniques au monde afin de voir comment fonctionnent les tissus gras et comment les organes de personnes à haut risque de développer le diabète sont exposés aux gras qui causent des anomalies menant au diabète de type 2, aux maladies du cœur et du foie qui lui sont associées. 

Quant à l’équipe du professeur-chercheur Denis Blondin, grâce à la Chaire GSK sur le diabète de l’Université de Sherbrooke, elle développe des outils mesurant combien les organes du corps (comme les muscles, les reins et le foie) dépensent d’énergie afin de combattre les complications de l’obésité, tel que le diabète de type 2. 

Grâce à des collaborations avec des chercheurs des États-Unis et des Pays-Bas, l’équipe de recherche a capturé et analysé des images de reins et de foie chez des patients atteint de diabète de type 1, de type 2 ou avec une insuffisance rénale chronique. Ces images nous ont permis d’observer comment ces organes réagissent différemment au développement de ces maladies, que certaines régions de l'organe peuvent changer différemment des autres et que ces organes peuvent être très sensibles à certains médicaments. 

Ces résultats sont importants, car ils nous aident à comprendre la variabilité de l'évolution de la maladie, à identifier les signes précoces de la progression de la maladie et de comprendre comment fonctionnent des approches innovantes pour la prévention et le traitement du diabète. En identifiant les signes précoces de la maladie, nous pouvons intervenir plus tôt chez un usager, d'abord en modifiant les habitudes de vie ou en se référant à des médicaments. Cela permet de prévenir ou de retarder le risque de développer la maladie ou des complications associées comme des dommages à la rétine (rétinopathie), une atteinte des nerfs,  ou aux vaisseaux sanguins, ou des complications au niveau du foie ou du cœur.

Mieux vaut prévenir que guérir

Grâce aux nouveaux outils mis en place pour voir le métabolisme des organes, les équipes des professeurs-chercheurs Blondin et Carpentier veulent comprendre comment les changements dans les habitudes alimentaires et dans la pratique d’activité physique modifient le risque de développer le diabète. Un projet de recherche en cours vise à déterminer si la pratique de l’exercice physique fait l’après-midi serait plus efficace pour contrer le développement du diabète que l’activité physique faite le matin. 

Bien qu'il soit connu que l'activité physique peut prévenir le développement du diabète, le moment de la journée où nous choisissons d'effectuer cet exercice peut avoir des effets encore plus importants qu'on le pensait. 

Pour répondre à cette hypothèse, des individus présentant un risque de développer un diabète de type 2 participeront à une intervention de 12 semaines consistant en un entraînement par intervalles de haute intensité. Pour examiner l’efficacité de cette intervention, les participants vont devoir prendre un repas liquide contenant un traceur TEP, conçu pour permettre aux chercheurs de visualiser les organes qui absorbent les acides gras alimentaires. Grâce à ces approches d'imagerie innovantes, nous pouvons ensuite déterminer si ce profil d'absorption a un impact sur le fonctionnement de divers organes internes tels que le foie, le cœur et les muscles squelettiques. Cette étude offre une perspective unique sur la façon dont nos organes répondent à l'activité physique et met à profit une expertise unique qui n’est disponible qu'à Sherbrooke.

Le professeur-chercheur Blondin cherche également à comprendre comment d'autres habitudes de vie, au-delà de l'exercice physique et les changements nutritionnels, peuvent améliorer notre santé. Il dirige actuellement, en collaboration avec des chercheurs des Pays-Bas, une étude sur l'impact de l'exposition répétée au froid sur la sensibilité à l'insuline. Les bienfaits du froid pour la santé gagnent en popularité par le biais des médias sociaux, mais ses avantages ne sont pas particulièrement bien connus. Récemment, un nombre croissant d'études ont montré que l'exposition répétée au froid peut avoir un impact bénéfique sur la façon dont notre corps régule notre glucose et peut améliorer notre tension artérielle, tout en améliorant notre humeur. Bien qu'il s'agisse d'une pratique courante chez les habitants des pays nordiques depuis de nombreux siècles, la science qui sous-tend ses bienfaits reste à être éclaici. 

Jamais trop tard pour traiter et inverser

L’équipe du Dr Carpentier s’affaire aussi à comprendre comment, dans le cas d’obésité plus avancée où une perte de poids importante est nécessaire, une chirurgie bariatrique « guérit » souvent le diabète de type 2 en seulement quelques jours après la procédure. Les outils d’imagerie moléculaire mis en place par cette équipe procurent en effet une occasion unique pour comprendre les changements des tissus gras et du foie qui sont les principaux responsables de cette amélioration rapide de la maladie. 

Grâce aux outils d’imagerie, l’équipe du professeur-chercheur Blondin mène une étude internationale sur les mécanismes d’amélioration de la fonction des reins à l’aide de nouveaux médicaments contre le diabète et l’obésité. 

L’équipe du Dr Geraldes effectue aussi des recherches permettant de détecter plus précocement l’évolution des personnes vivant avec le diabète vers les complications des reins et sur la maladie artérielle au niveau des jambes. Cette équipe travaille aussi au développement de nouveaux médicaments pour la guérison des plaies des pieds et améliorer la circulation sanguine dans le diabète, dans le but de réduire les amputations chez les personnes vivant avec cette maladie. 
 

Pour en apprendre davantage sur la prévention et le traitement du diabète de type 2 
  • TIMED
  • Froid/Chaud (GB/ID_2.0/BDT2)
  • Chirurgie bariatrique (CB5)
  • Complications – rénale, perfusion des membres inférieurs (Pedro)

Une alimentation faible en glucide, une avenue pour améliorer la santé des personnes aînées

Un projet de recherche montre qu'une alimentation réduite en glucides peut mener à des améliorations de la santé des personnes aînées.

Une alimentation équilibrée est cruciale pour maintenir une bonne santé, surtout en vieillissant, car notre corps subit des changements qui augmentent le risque de diabète de type 2. La gestion de la glycémie est essentielle pour éviter des complications comme l'hypertension, l'insuffisance rénale et les accidents vasculaires cérébraux.

Les glucides, qu'ils soient naturels (par exemple : les fruits, les féculents, les légumineuses, etc.) ou ajoutés (par exemple : les biscuits, les boissons sucrées, les gâteaux, etc.), sont omniprésents dans notre alimentation. Réduire leur consommation, surtout celle des sucres ajoutés, peut faire une différence pour la santé.

Le projet SAGE : Sucre Allégé pour une Glycémie Équilibrée

À Sherbrooke, 24 personnes habitant dans une résidence privée pour personnes aînées ont participé à une étude d’une durée de deux mois qui visait à réduire d’un tiers leur consommation de glucides. Pour y parvenir, les repas servis à la salle à manger ont été adaptés en suivant plusieurs stratégies : augmenter les protéines et les légumes, éliminer le sucre raffiné, remplacer certains aliments riches en glucides par des alternatives plus saines.

Avant et après l'intervention, un appareil mesurait en continu leur taux de sucre dans le sang. Les chercheurs ont également analysé divers marqueurs sanguins, comme les taux de cholestérols et de triglycérides (forme de stockage des acides gras dans l’organisme).

Réduire le sucre, un sachet à la fois

L'intervention a montré une amélioration du contrôle du taux de sucre dans le sang, particulièrement chez les participants et les participantes qui avaient un taux de sucre anormalement élevé avant l’étude. Les taux de cholestérol et de triglycérides ont également diminué, un indice que les changements proposés dans l’alimentation étaient bien équilibrés. Les personnes participantes ont rapporté une meilleure qualité de vie, qui pourrait se refléter par moins d’anxiété et de fatigue.

Ces résultats démontrent qu'une alimentation faible en glucides peut améliorer la santé métabolique des personnes aînées, tout en étant équilibrée et bien acceptée auprès des personnes aînées vivant en résidence.

Voici quelques astuces pour diminuer votre consommation de glucides alimentaires
 • Utilisez de la farine d’amande à la place de la farine de blé dans vos desserts préférés.
 • Choisissez des pains de blé entier, riches en fibres pour le petit-déjeuner, comme un pain 100% blé entier et qui contient 17g de glucides pour 2 tranches.
 • Privilégiez le pamplemousse, les petits fruits (framboises, mûres et fraises) et le cantaloup par rapport aux autres fruits pour leur faible teneur en sucre.
 • Remplacez le riz par du chou-fleur en petits morceaux al dente dans vos recettes.
 • Mangez vos bananes moins mûres puisqu’elles contiennent ainsi moins de sucre.

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