Des approches innovantes pour combattre la douleur

Présente dans la vie de millions de personnes, la douleur est une expérience sensorielle ou émotionnelle désagréable, généralement associée à des dommages physiques au corps. Pour nos centres de recherche, étudier les différents types de douleurs comme la douleur chronique et aigüe se retrouve au cœur de leur mission afin d’améliorer les lignes de traitement disponible. 

Concernant la douleur chronique, celle-ci survient selon Santé Canada lorsque la douleur persiste au-delà de trois mois. Elle peut se manifester sans cause connue, après la guérison d'une blessure ou après le traitement d'une maladie.

Au Canada, c’est près de 8 millions de personnes qui vivent avec une douleur chronique. Ceux-ci font face à un large éventail de défis au quotidien, qu’ils soient d’ordres physiques, émotionnels ou sociaux.

Pour sa part, la douleur aigüe, que l’on compare souvent à un système d’alarme chargé de protéger l’organisme, dure moins de trois mois et diminue généralement à mesure que la personne guérit. 

Pourquoi regarder le cerveau pour la douleur au dos?

Même si elle est désagréable, la douleur aigüe est importante. Elle agit comme un signal d'alarme qui nous permet de protéger notre corps de dommages sévères et permanents. L'information provenant de la zone blessée se rend inévitablement au cerveau, qui intègre les données provenant de tout le corps pour décider si cela fait mal ou non. 

Mais que se passe-t-il lorsque la douleur persiste malgré la guérison de la blessure initiale? Lorsqu'on examine la zone initialement blessée, comme le dos ou le genou, il est souvent impossible d'observer des anomalies directement liées à la douleur toujours ressentie. Pourquoi ressentons-nous donc encore de la douleur ? Pour répondre à cette question, il faut porter notre attention sur le cerveau. 

Notre cerveau comme une boule de cristal?

Plusieurs études ont montré que certaines propriétés cérébrales, comme la densité de la matière grise de certaines régions, ou encore la force de la connexion entre deux régions (c.-à-d. : plus deux régions sont connecté, plus elles se « parlent » et échange de l’information) pouvaient identifier les personnes susceptibles de développer une douleur chronique. Par exemple, deux régions du cerveau, une impliquée dans la prise de décision et l’autre impliquée dans le système de récompense, sont plus fortement connectées chez des patients qui présentent une douleur lombaire aigüe et qui sont prédisposés à développer une douleur chronique lombaire. 

D'autres recherches montrent également que lorsque la douleur devient chronique, le cerveau change : il se réorganise dans sa structure et sa fonction. Cette réorganisation de notre cerveau amplifie le problème de la douleur chronique.

Vers un traitement personnalisé en douleur chronique

Le laboratoire du chercheur Pascal Tétreault au Centre de recherche du CHUS (CRCHUS) s'intéresse entre autres à comprendre les mécanismes qui mènent à cette réorganisation cérébrale. Leur objectif est d’identifier quelles régions du cerveau changent et de tester si des traitements peuvent renverser cette réorganisation anormale. L’équipe de recherche cherche également à savoir si certaines propriétés cérébrales pourraient prédire quelles personnes ayant une douleur chronique répondront à un traitement, afin de maximiser les chances de succès thérapeutique. 

Dans une cohorte d'environ 50 participants (la moitié souffrant de douleur chronique au bas du dos et l'autre moitié composée de personnes en bonne santé du même âge et du même sexe), l’équipe du professeur-chercheur Tétreault a capturé des images de leur cerveau par imagerie par résonance magnétique (IRM) à trois reprises sur une période de quatre mois sans que les patients ne prennent aucun traitement en dehors de leur approche habituelle. 

Grâce à ses images, il a été possible d’observer les fluctuations naturelles dans les changements de structure et de fonction de leur cerveau. Ceci permet de déterminer quelles propriétés sont stables et quelles varies naturellement dû aux aléas de la vie. Ces mesures sont importantes afin de pouvoir s’assurer que l’effet d’un nouveau traitement est réellement dû au traitement et non à un changement naturel.

En ce moment, le groupe du professeur-chercheur Tétreault s’intéresse à savoir si une réponse positive à une approche d’ablation thermique de certaines terminaisons nerveuses au dos, c’est-à-dire de détruire des cellules nerveuses (des neurones) grâce à la chaleur, peut être prédite par différentes mesures cérébrales. Cette méthode a été prouvée comme étant efficace, mais seulement pour un certain nombre de personnes. Pour d’autres, soit il n’y a aucune amélioration ou même parfois, on note une augmentation de la douleur. Il est donc important de savoir quels patients sont prédisposés à répondre à ce traitement.

Grâce à ces recherches, les professionnels de la santé seront en mesure d’aider les personnes souffrant de douleur chronique en leur proposant un traitement optimal selon leur condition. 

Soulager les douleurs persistantes chez les personnes aînées : au-delà des approches médicamenteuses

La douleur chronique est une douleur qui persiste dans le temps, au-delà du temps de guérison normal.  Contrairement à la douleur aigüe, la douleur chronique n’a pas de rôle bénéfique.  Elle affecte le quotidien de la personne touchée, l’empêchant de réaliser ses tâches et diminuant sa qualité de vie. Dans la majorité des cas, la médication demeure la première ligne de traitement, mais celle-ci comporte des limites qui justifient l’adoption de stratégies complémentaires non médicamenteuses.  

La combinaison des approches médicamenteuses et non médicamenteuses permet de maximiser le soulagement de la douleur et de diminuer les effets indésirables liés à la médication. Ces avantages sont particulièrement intéressants pour les personnes aînées, une tranche de la population souvent affectée par la douleur chronique et sensible aux effets indésirables de la médication.

Stimuler le cerveau : une approche prometteuse pour soulager la douleur

L’équipe de recherche de Guillaume Léonard, professeur titulaire à l’École de réadaptation et chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV), s’intéresse à ces approches non médicamenteuses et à leurs avantages potentiels pour améliorer la prise en charge des personnes aînées souffrant de douleur chronique. Dans l’un de ses projets, son équipe s’intéresse à la stimulation transcrânienne – une nouvelle approche qui permet de stimuler certaines régions du cerveau à l'aide d'électrodes placées sur le cuir chevelu.
 
L’équipe de recherche du professeur-chercheur Léonard a évalué l’efficacité de ce traitement en recrutant des personnes âgées entre 60 et 84 ans souffrant de douleurs chroniques. Ces participants ont été répartis au hasard en deux groupes : l'un qui a reçu la véritable stimulation (traitement réel), tandis que l'autre a reçu une stimulation simulée (traitement placébo). 

Des essais en milieu clinique 

Jusqu’à maintenant, le traitement de stimulation transcrânienne a permis de réduire la douleur, de soulager les symptômes de dépression et d’anxiété, en plus d’améliorer la qualité de vie des personnes aînées qui vivent avec des douleurs chroniques. Ces résultats ont jeté les bases pour une autre étude auprès de personnes de 65 ans ou plus souffrant de douleurs chroniques. 

Dans cette dernière étude, les personnes participantes reçoivent les traitements de stimulation transcrânienne en clinique, par des physiothérapeutes, plutôt qu’au centre de recherche.  Cette façon de faire permet de se rapprocher davantage de la réalité du terrain afin de mieux se prononcer sur les bienfaits potentiels. Ultimement, l’équipe de recherche souhaite déterminer si la stimulation transcrânienne réelle est plus efficace que le traitement placébo en milieu clinique, et identifier les individus les plus susceptibles de répondre à ce type de traitement.

Les travaux de l'équipe illustrent bien le potentiel des approches non médicamenteuses, comme la stimulation transcrânienne, pour soulager les douleurs chroniques chez les personnes aînées. Ces recherches ouvrent de nouvelles perspectives pour améliorer la qualité de vie de ces personnes.

Chose certaine, il n’est pas normal de souffrir en vieillissant. Les professionnels de la santé disposent dès aujourd’hui de plusieurs stratégies, médicamenteuses et non médicamenteuses, pour réduire la douleur et augmenter la qualité de vie, incluant pour les personnes plus âgées.

Pour en apprendre davantage sur la gestion de la douleur chez les personnes aînées :

Participer à la recherche
Vous aussi souffrez de douleurs chroniques et souhaitez participer à des travaux de recherche? L’équipe de Guillaume Léonard recrute présentement des personnes âgées de 65 ans et plus. Il est possible de rejoindre son laboratoire au neurostimulationanti-spam@anti-spamusherbrookeanti-spam.anti-spamca ou bien au 819 780-2220, poste 45156.

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